AFP – Pas de Brexit en football mais une success story: pour la première fois dans l’histoire, les finales de coupes d’Europe sont monopolisées par un seul pays, l’Angleterre, avec Chelsea-Arsenal mercredi en Ligue Europa et Tottenham-Liverpool samedi en Ligue des champions.
La bande-son des finales aurait pu être “London Calling” (célèbre morceau des Clash) avec trois équipes de la capitale anglaise et une représentante du nord du pays, Liverpool. Exit la domination espagnole, après 7 Ligues des champions et 6 Ligues Europa depuis la saison 2008/2009 comprise.
“Le football européen de clubs est à l’aube d’une nouvelle ère”, estimait récemment l’hebdomadaire allemand Die Zeit. “La Premier League domine le continent par l’argent et le cosmopolitisme. Aucun autre championnat au monde ne tire autant d’argent des droits TV, aucun autre n’est aussi ouvert au capital venu de l’étranger.”
La Premier League domine en effet les terrains financiers: six clubs anglais figurent actuellement dans le top 10 des clubs les plus riches du monde, selon le cabinet Deloitte. “C’est normal qu’ils arrivent à ce résultat, renchérit Massimiliano Allegri, ex-coach de la Juventus. Ils ont des possibilités économiques différentes”.
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La saison passée, les clubs anglais ont enregistré des revenus records de 5,56 milliards d’euros, grâce notamment aux droits TV. C’est environ 60% de plus que les championnats allemand ou espagnol et trois fois plus qu’en France.
Dans le même temps, ils ont dépensé plus d’un milliard d’euros lors du dernier mercato estival.
– Entraîneurs de classe mondiale –
L’argent qui coule à flots attire les entraîneurs du top 20 mondial, à l’instar des Jürgen Klopp, Mauricio Pochettino, Maurizio Sarri et Unai Emery, valeurs sûres.
“La Premier League accueille les trois plus grands entraîneurs du football mondial”, écrivait ainsi sans retenue l’ex-joueur Tony Cascarino dans sa tribune dans le Times, en pensant à Pep Guardiola (vainqueur de la Premier League avec Manchester City), Klopp et Pochettino.
“Si la Premier League n’a jamais accueilli les meilleurs joueurs du monde (sauf Cristiano Ronaldo, qui a gagné son premier Ballon d’Or sous le maillot de Manchester United), l’inverse n’est pas vraie quand il s’agit des hommes derrière le banc”, note l’ancien Marseillais. “On n’était pas loin avec Alex Ferguson et Arsène Wenger, mais, désormais, n’importe quel club dans le monde prendrait Guardiola, Pochettino ou Klopp.”
En parlant des joueurs, il y aura quand même un petit accent français en tendant l’oreille dans les finales européennes cette semaine, avec entre autres, Alexandre Lacazette et Laurent Koscielny à Arsenal, Olivier Giroud et N’Golo Kanté à Chelsea, Moussa Sissoko et Hugo Lloris à Tottenham. Ce dernier a même l’occasion de gagner en l’espace d’un an les deux trophées les plus prestigieux, la Coupe du monde et la Ligue des champions.
– “Ici on joue plus” –
Mais, outre l’argent, comment expliquer la réussite anglaise? “Voici le mot qui résume le football anglais actuel: courage. Sans fioritures, ils ont mis sur le terrain tout ce qu’ils avaient”, répondait le Corriere dello Sport italien.
Une intensité et un investissement qui se retrouvent régulièrement le weekend sur les terrains anglais.
“La Premier League est le meilleur championnat d’Europe. Pour aller en finale de la Coupe de la Ligue, il a fallu battre Liverpool et Tottenham. Et, en finale, on a été battu par la meilleure équipe d’Europe selon moi, Manchester City”, abonde l’entraîneur de Chelsea Maurizio Sarri.
“C’est très dur d’arriver en bonne forme physique lors du dernier mois. Ici on joue plus. (La demi-finale de C3) était notre 61e match. En Italie, il y en a dix de moins. Ca fait une grosse différence”, ajoute le technicien.
De là à voir une suprématie durable du football anglais? “Je pense pas que le cycle espagnol est menacé. Ce qui est sûr, c’est qu’on voit les Anglais. A un moment donné, ça a été les Italiens.”, nuance Zinédine Zidane, revenu au Real Madrid. “Ca ne m’étonne pas de voir les clubs anglais. Les entraîneurs qui sont à la tête de ces équipes-là amènent leur nouveauté, leur savoir-faire, qui est différent. (…) Ca n’empêchera pas que le football espagnol a toujours sa place, dès l’année prochaine”.
D’autant que l’issue incertaine du Brexit (dépréciation de la livre, restrictions de joueurs étrangers…) plane toujours.