AFP – Il s’était fait connaître du grand public pendant l’affaire des quotas au printemps 2011: lors d’une réunion de la Direction technique nationale (DTN) révélée au printemps 2011 par Mediapart, il s’était opposé frontalement à l’idée naissante d’imposer des quotas de binationaux chez les jeunes, la jugeant discriminatoire.
Il avait alors été le seul à s’élever contre les propos tenus par le sélectionneur Laurent Blanc, le directeur technique national François Blaquart et le sélectionneur de l’équipe Espoirs Erick Mombaerts.
“Ecoute, moi, ce qui me gêne sur le fond, c’est (qu’il y a) celui qui a la possibilité d’être français-français et d’aller avec Laurent, et celui, parce qu’il n’a pas assez d’aptitudes et de talent pour aller avec Laurent et qui va aller dans un autre pays, et c’est celui-là que vous voudriez éliminer. C’est impossible”, avait-il dit selon l’enregistrement. “Ça veut dire que vous allez garder lesquels? Les blancs ? Les moins bons ?”
Smerecki avait cependant refusé de participer à la polémique qui avait ébranlé le foot français et déchiré les champions du monde 1998, suscitant des réactions jusqu’au monde politique.
– “Grizou” jouera “aussi pour lui, en Russie” –
“On a le droit de défendre une philosophie de jeu, on a le droit de voter à gauche, à droite, d’avancer des idées, mais aussi de donner un avis contraire sur certaines idées, sur des points qui nous tiennent à coeur”, avait-il simplement commenté auprès de l’AFP en août 2011, à l’issue de la Coupe du monde U20 en Colombie, où ses Bleuets avaient fini 4e.
L’entraîneur Francis Smerecki porté en triomphe par ses joueurs après la victoire de la France en finale de l’Euro U19, le 30 juillet 2010 à Caen
Il y avait dans son équipe un certain Griezmann. “Je jouerai aussi pour lui, en Russie” à la Coupe du monde, a réagi avec “beaucoup de peine” l’attaquant star de l’équipe de France sur Twitter, à trois jours du départ des Bleus pour Moscou.
“C’est Monsieur Smerecki qui m’a permis de porter le maillot bleu pour la première fois de ma vie, au mois de mars 2010, lors d’un match amical contre l’Ukraine, alors qu’à l’époque, personne ne me connaissait vraiment en France quand je jouais à la Real Sociedad”, s’est souvenu l’attaquant.
“Le Championnat d’Europe des moins de 19 ans en Normandie et la finale remportée contre l’Espagne pendant l’été 2010 demeurent l’une de mes premières grandes joies”, a-t-il aussi relevé.
Benjamin Mendy aussi a salué la mémoire de Smerecki, se disant “triste d’apprendre son décès. Reposez en paix M. Smerecki grand monsieur qui m’a aidé à grandir dans le foot et à côté”, a tweeté l’arrière gauche des Bleus.
– Guingamp en Europe –
Le sélectionneur Didier Deschamps a rendu hommage à ce “pilier de la formation des entraîneurs”, “grand pédagogue, collègue bienveillant, passionné, toujours positif”. “Pendant plus de dix ans, Francis a été une figure de la Direction technique nationale, un technicien discret mais extrêmement compétent, soucieux du moindre détail sur lequel nous nous étions par exemple appuyé dans la préparation de la Coupe du monde au Brésil et dans la supervision des matches”, a ajouté “DD”.
Smerecki avait intégré la Direction technique nationale (DTN) en 2004 après une carrière de joueur modeste et d’entraîneur de club, amenant notamment Guingamp pour la première fois en coupe d’Europe (C3), et dirigeant aussi des équipes comme Valenciennes, Le Havre, Nancy ou encore Laval.
Noël Le Graët, ex-responsable du club guingampais et désormais président de la Fédération (FFF) qui a annoncé jeudi matin le décès, “des suites d’une longues maladie”, a décrit “un grand technicien, un homme de grande valeur, il était apprécié par tous, pour son humanité, sa convivialité”.
“J’ai pu personnellement apprécier pendant six années ses qualités humaines lorsqu’il a dirigé l’En Avant de Guingamp en tant qu’entraîneur (de 1993 à 1999). C’était un ami. La Fédération et le football français perdent une personnalité et un formateur de grande compétence”, a-t-il résumé.